Fugu

Fugu

Discographie

L'histoire de la pop-music est aujourd'hui peut-être suffisamment mûre pour les premiers bilans. Apogées, récessions, krachs : une mémoire s'est construite peu à peu et de nouveaux cycles, parallèles à ceux que nous avons connus, s'animent donc avec leurs concordances et leurs dissonances. On s'empare des paradigmes et de nouvelles générations de musiciens choisissent d'en donner leur variation, leur interprétation. Croisements de généalogies qui enfantent des renouvellements inédits dont la preuve en France s'appelle FUGU. On croirait d'une oreille distraite n'entendre que l'hommage aux groupes sixties, Beatles et Beach Boys en tête. Creusez et c'est un véritable choc qui opère : la projection au sein même du sensualisme pop, quand celui-ci se strie d'une modernité de bon aloi.
On dit du fugu, poisson rare, qu'il donne la mort à ceux qui le mangeraient après l'avoir mal cuisiné. Dans le cas contraire, il est un mets des plus fins. Pourquoi ne pas s'arrêter à cette simple métaphore ? Comme toucher aux grands fonds, aux grandes profondeurs et prendre le risque d'une ivresse fatale, la musique de Mehdi Zannad est dangereuse parce qu'elle joue avec l'impitoyable couperet des vues de l'esprit. On desquame les indéniables influences (Stereolab, High Llamas, ces providentielles rencontres), la rugueuse peau du préjugé et l'on découvre la somptueuse chair, l'évidente clarté des mélodies comme la complexité des arrangements.

Mais les analogies culinaires ont vécu. Tout comme celles appelant à voir dans les chansons de l'architecte Mehdi Zannad d'admirables et pharaoniques bâtisses. Il ne s'agit pas plus de nourritures terrestres que de châteaux en Espagne. Musique écrite par un jeune homme empli d'influences toujours aussi sous-estimées (Velvet Undergound, Kinks, Left Banke) et dont la mise en bandes a, certes, duré, tout en ayant la décence et l'intelligence de ne pas devenir oeuvre maudite. Nous y aurions perdu : dix-huit morceaux d'une vigueur extrême, peaufinés sans avoir été écrasés par l'enjeu, remarquablement mixés (rehaussés/lustrés/régénérés) par John Cunningham. Dix-huit pièces harmoniques, de l'intermède baroque au casse-tête légèrement post-rock, pour lesquelles on sollicita près de vingt musiciens dont un bras droit irremplaçable (Jérôme Didelot) guitariste, bassiste et oreille des plus fines. Projet fascinant par son approche méticuleuse des instrumentations et du son, ingénieux par son goût des invisibles citations, enthousiasmant par ce qu'il reste à en savoir après de nombreuses écoutes.

Un mystère de taille pèse encore sur ce disque. Une voix insaisissable, presque fantomatique, au confluent des alluvions Emitt Rhodes/Mc Cartney/Doug Yule, qui s'insère en sachant se faire oublier pour que nous n'en gardions que l'empreinte minérale. Qui sait ce à quoi parle ce chant comme lavé des prétentions, puissant dans sa rétractation ? Rhétorique intime où nous apprendrons ceci : une musique s'en est allée jusqu'au milieu de nous, et une voix est née, comme s'ajoutant à notre intimité.

Matthieu Rémy

Toute la presse

Citations de presse

"L'un des plus beaux disques français de tous les temps ?" Les Inrockuptibles - 08/14

"Il séduit autant (…) par son effet de surprise que par son exigence et son appropriation des harmonies vocales." Rock & Folk - 09/01

"Ce nouveau prodigue qu'est Mehdi Zannad (Fugu)." Nova Mag - 10/01

"Il s'apelle Fugu et a tous les talents." Valeurs Actuelles - juillet 2001

"Délices chromatiques." Le monde - Juin 2001

"Un manifeste du bon goût pop." Famille Chrétienne

"«Fugu 1» restera notre disque de chevet pour la saison printemps-été de cette année." Chronic'art

"On en redemande." Chronic'art

"Fugu nous livre (…) un album pop comme on voudrait écouter plus souvent." Polystyrène - Juillet/août 2001

"Cette instrumentation riche et limpide où violons, orgue, cuivres jouent à la marelle." Abus Dangereux - été 2001

"Mehdi Zannad, héros providentiel de philharmonies pop hors du temps." Station Service - juillet 2001

"Mehdi Zannad, le garçon épatant." Les Inrockuptibles - Septembre 2000